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Assis devant cet homme, j'ignore qui je suis. Mon cerveau reste définitivement vide, le néant m'habite. Inconnu dans mon propre corps, je ne suis la fille de personne. Il attend, pensant que les digues de ma raison céderont, que mon coeur implosera et lui livrera les réponses qu'il attend. Naïf. Il ignore que mon âme n'existe presque plus, qu'elle disparait chaque jour un peu plus. Il ne sait pas, lui qui rentre chaque soir se coucher dans les bras d'une femme qui l'aime à se damner. Il ne connait pas les affres de la solitude, celle qui ronge mon âme et efface ma mémoire, qui me délivre et m'emprisonne. Jamais il n'imaginerait l'enfer que j'ai traversé ni même l'horreur dont mes yeux sont incrustés. Personne ne saura, personne ne me sauvera. Mon être est jamais marqué par leur poison, leur parole vaine et ensorcelante. J'ignore qui je suis, parce que je ne suis pas encore née. Je n'ai jamais vécu, j'ai survécu durant dix-huit années et espérant qu'un jour, peut être, le temps ai enfin pitié de moi. « Aurora ... Il faut que vous parliez. Vous ne sortirez pas du centre tant que nous se serons pas sur que votre vie n'est pas en danger. La secte dans laquelle .. »« Taisez vous ! », chuchotais-je. Il s'agita sur sa chaise, mal à l'aise, témoin gênée de ma douleur. L'humain ne peut se contenter de l'ignorance, peut lui importe les conséquences, il recherche la vérité quoiqu'il lui en coûte. Secte. J'ai appris la signification de ce mot lorsque j'avais seize ans, mon esprit était mort depuis si longtemps que peut m'importait le nom que le reste du monde donnait à la prison dans laquelle j'évoluais. « Je ne sais rien. Je ne connais rien. Je me souviens des coups qui pleuvaient sur mon corps, des insultes qui lézardaient mon coeur, de l'amour qui brillait par son absence. Je n'ai connu que cela, durant des années. La haine et les paroles vident de sens qui comprimaient mon esprit. Je n'oublierai jamais rien de ce que j'ai vu, de ce que j'ai dû endurer pour quitter cet endroit. ». Me relevant brusquement, je traversais le bureau pour me poster devant la fenêtre. Je rêvais de connaitre le monde, un monde où la douceur de vivre guérirai mes blessures. Où l'impression d'être enfermé dans cette chambre froide se dissiperait enfin. Je posais ma tête contre la vitre froide, tentant de réprimer la vague de panique qui déployait ses tentacules dans chaque partie de mon être. Leurs voix prenaient naissance dans mon esprit, ravivant des souvenirs que j'avais voulu mort. Mon esprit s'était brisé au cours de toute ses années, mon corps avait survécu comme il avait pu, se laissant malmené sans pouvoir se défendre. Mes yeux se perdirent dans le vague, seule les taches de couleur vives s'imprimaient sur mes rétines. J'avais soif de liberté, de bonheur imparfaite. « Ne dites rien de ce que vous savez sur mon compte, taisez ce que vous avez deviné de mon âme et laissez-moi partir ! Je veux vivre ma vie, j'en ai le droit, il m'a coûté suffisamment cher ». Soulevant légèrement mon tee-shirt, j'osais pour la première fois afficher ouvertement devant quelqu'un les séquelles de mon enfance. Les marques rosés striaient mon corps, cicatrices douces et douloureuses d'un passé taillé au couteau. Personne n'avait jamais été présent pour me protéger, personne n'avait été là pour m'aimer ... Je me tournais a nouveau vers le thérapeute qui détenait ma vie entre ses mains, il m'observait avec pitié, sans savoir ce qui avait causé les marques. Il hocha faiblement la tête, m'accordant le droit de sourire faiblement pour la première fois depuis des années. Quittant son bureau, un infirmier me reconduit à ma chambre; je m'assis sur le lit froid. Le souvenir de ma première nuit ici s’éveilla dans ma mémoire.

La nuit était tombé depuis de nombreuses heures lorsque la douleur me réveilla, intense, tortueuse, elle progressait dans mon système comme un poison qui infectait chacune de mes terminaisons nerveuses. Au dehors, des milliers de flocons tombaient doucement sur le sol, tel un ballait enchanté, les doux morceaux de neige virevoltait dans les airs, inconscient de la vie de ces pauvres humains sur qui ils s’écrasaient. Un cri déchira le silence, je laissais mes larmes couler allégrement sur mon visage enfantin, qu’avais-je fait de ma vie ? Mon souffle se bloqua dans ma poitrine alourdis, erratique je cherchais vainement à reprendre pied dans la réalité. Etait-ce là les preuves d’amour dont j'avais si souvent entendu parler ? Me demandais je horrifiée tandis qu’une vague de souffrance étendait ces tentacules sur mon corps martyrisée.J'observais derrière la porte vitrée ses femmes qui observait la scène, une expression de dégout marquant leur trait délicat et à nouveau j'eu envie de pleurer. Qu’avaient-ils fait de ma vie ? Ils m'avaient tout pris. Un sanglot contracta mes muscles douloureux. Mon cœur pulsait dans ma poitrine aidant mon sang à résonner dans mes tempes douloureuse. J'avais tentée de faire cesser cette souffrance intolérable qui me ravageait, un saut depuis le blond de Brooklyn. Le contact glaciale et pourtant si apaisant de l'eau alors que la mort m'approchait sensuellement. Ramenant mes jambes contre ma poitrine, je posais ma tête lourde contre le matelas froid et inconfortable de cette prison qui allait devenir mon quotidien. Mon cauchemar devenait réalité : a nouveau, j'étais prisonnière. Alors que mes jambes tremblaient tant que je ne savait plus où elles commençaient et si elles finissaient quelques part. Une larme, ronde et au volume concentrique parfaite, roula sur ma joue aussi pâle que la mort. Pourquoi me faisait-on subir tout cela, moi qui ne rêvait que de douceur et de repos ?

Un frisson incontrôlable parcourut mon corps mince et chétif, alors que j'ouvrais à nouveau les yeux. Le souvenir de cette nuit n'avait d'égale que les dix huit années qui l'avaient précédé. Je soupirai lourdement, attendant que le gardien revienne enfin, m'offrant la liberté dont j'avais désespérément besoin. Je ne l’oublierais jamais cette premier bouffée d’air frais, l’odeur la pollution ambiante, le soleil brulant qui caressait ma peau terne. J'avais souris, de ce sourire un peu tordu qui prenait toujours naissance sur mon visage lorsque quelques graines de bonheur se perdait sur le chemin de ma vie. Hélant un taxi, je me glissais dedans, impatiente de mettre le plus de distance possible entre ce passé qui vivait malgré tout en moi et mon corps abîmé a jamais. Je ne su jamais comment je fini par arrivé à l'aéroport, ni même pourquoi j'attendais devant le panneau d'affichage des vols. « Ou allez vous ? », me demanda un jeune homme avec un sourire qui se voulait charmeur mais qui était des plus tendu. « Loin d'ici .. J'ignore encore où, pour tout vous avouez, personne ne m'attend ... ». Ma voix se remplis de larme contenu tandis que je détournais le regard. « Pourquoi ne pas venir avec moi ? Sutton Bay, Lovely ? »