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« Mon père viens d'une longue ligné de militaire, ma mère aussi. Pour moi, l'avenir était tout tracé, j'allais finir Lieutenant Général dans les Forces Spéciales et tout le monde serait fier de moi. Sauf que ça ne s'est pas vraiment passé comme ils l'auraient voulu... »

15 Février 1994 - Sutton Bay

« Pourquoi c'est jamais moi qui fait le Major hein? Moi aussi je veux commander. ». Les mains posées sur les hanches, Charlie faisait face à Toby, son grand frère. Chaque fois c'était la même chose, ils jouaient aux soldats et chaque fois il fallait que cela soit son frère qui soit le plus haut gradé. Elle avait beau avoir trois ans de moins que lui, elle était persuadée qu'elle pouvait aussi bien jouer les chefs que lui. « Parce que c'est moi le plus grand. Quand Cara sera assez grande pour jouer, tu pourras être son chef à ton tour. En plus t'es une fille, les filles ça ne commande pas les garçons. ». Pour son frère, il était absolument hors de question qu'elle joue les Majors, mais elle, elle ne le voyait pas comme ça. Cara avait tout juste 6 mois, elle n'était pas prête de pouvoir jouer avec elle et quand elle le serait, Charlie serait sûrement déjà engagée dans l'armée ou occupée à faire autre chose. « L'autre jour, grand père a dit que je pouvais l'être, alors tu me laisses l'être. ». « Non. Maman n'a jamais été jusqu'au grade de Major, c'est pas pour rien, c'est parce que c'est une fille et qu'elle a préféré arrêté pour élever Cara, donc tu peux pas être Major. ». Charlie sera les dents tout en grimaçant à son frère. Il avait peut être raison au sujet de leur mère, mais elle n'était pas pareil. Elle, elle deviendrait Lieutenant Général un jour et pour ça elle n'aurait pas d'enfants. Principalement parce qu'elle ne tenait pas à ce qu'ils aient la même enfance que son frère et elle. Être élevée par ses grands parents ce n'est pas ce qu'il y a de mieux. Voir ses parents préférer servir leur pays plutôt que de prendre soin de leurs enfants, ça fait mal. C'était d'autant plus douloureux depuis que leur mère était revenue à la vie civile pour prendre soin de leur petite sœur. Bien qu'ils avaient d'abord été heureux d'avoir leur mère à la maison tous les jours, Toby et Charlie se rendirent vite compte que cela chamboulait toutes leurs habitudes et ils n'étaient pas certain de préférer la situation comme elle était aujourd'hui. « Bon t'arrêtes de rêver et tu obéis aux ordres maintenant. ». Charlie sortie alors de ses pensées et posa un regard froid sur son frère. « Non, c'est moi le chef aujourd'hui. ». Et sans ne laisser le temps à son frère de réagir elle se jeta sur lui et le mit à terre. Il avait beau avoir trois ans de plus, elle était déjà plus grande que lui et au combat au corps à corps, elle avait bien souvent le dessus. Le maintenant à terre en s'installant sur lui et lui maintenant les poignets elle sourit fière d'elle. « Tu vois, je suis plus forte que toi, donc moi je commande, c'est tout. ». Elle était forte et déterminée, depuis toujours, ce qu'elle voulait, elle finissait par l'avoir. Et ça, même si cela lui demandait beaucoup d'effort, elle n'abandonnait pas. Un jour, elle serait Lieutenant Général et son frère serait sous ses ordres, c'était comme ça qu'elle voyait le futur. Un futur dicté par la doctrine militaire dans laquelle elle avait baigné toute sa vie.

13 Octobre 2001 - Sutton Bay

Assise sur le lit de son amie, le regard posé dans le vide, Charlie avait l'esprit ailleurs. Jane et elle étaient censées réviser le devoir de Français, mais elle ne s'y donnait pas vraiment à fond. « A quoi tu penses Charlie? ». La voix de son amie la ramena à la réalité et elle secoua doucement la tête. « A mon frère. Il part pour L'Afghanistan demain. ». Le visage de Jane s'assombrit alors. Si pour Charlie cela semblait tout à fait normal, Jane avait du mal à comprendre cette obsession militaire dans la famille Cooper. « Il reviendra. ». La vérité, c'était que Jane ne savait absolument pas quoi dire à son amie. Dans sa famille à elle, la seule chose dangereuse qui avait un jour été faite c'était d'être monté sur un toit pour aller chercher le chat. « Il ne sera pas là pour me voir dans mon uniforme pour la première fois. Et l'unité de mon père sera sûrement envoyée là-bas aussi d'ici l'année prochaine. ». Ce n'était pas vraiment le départ de son frère qui l'inquiétait, mais bien son absence le jour où elle porterait pour la première fois son uniforme militaire. C'était une vrai tradition dans la famille, pourtant elle était persuadé que ni son frère ni son père ne serait là pour la voir. « Il y a des fois, je ne te comprends vraiment pas Charlie. Ton frère part faire la guerre et toi tout ce qui t'inquiète c'est qu'il ne soit pas là pour te voir avec ton uniforme? Si c'était mon frère je m'inquièterais plus de le voir revenir dans un cercueil. ». Charlie leva alors les yeux vers son amie. Bien sûr qu'elle s'inquiétait aussi de ne plus jamais revoir son frère vivant, sauf que cette inquiétude elle l'avait vécue toute sa vie avec son père et sa mère, si bien qu'elle était passée au second plan aujourd'hui. « Tu sais qu'après la remise des diplômes je m'engage aussi? Et si cette guerre s'éternise, je serais certainement envoyée aussi. S'inquiéter, ça ne sert à rien. Je préfère avoir confiance en ses habilités de bon soldat. Tu devras faire pareil quand je serais partie. ». Elles n'avaient évoqué le sujet que très peu. Charlie avait accompagné son amie visiter des universités, mais n'y avait jamais prêté aucune attention personnelle. Si jamais elle devait obtenir un diplôme supérieur, elle l'obtiendrait dans l'armée. Jane avait pourtant essayé de la convaincre de d'abord faire quelques années de fac, mais il n'y avait rien à faire. Charlie savait depuis l'âge de huit ans qu'un jour elle rentrerait dans les Forces Spéciales de l'armée et elle n'avait toujours pas changé d'avis. « J'ai vraiment aucune chance de te faire changer d'avis? ». Charlie se contenta de lui répondre par la négative avec un signe de la tête. Elle savait ce que Jane pensait de tout ça, mais cela ne l'empêcherait pas de suivre la voie qui était toute tracée pour elle. Jane rendit les armes et déposa un baiser sur les lèvres de Charlie. « Tu sais que tu n'auras plus le droit de m'aimer une fois dans l'armée? ». « Je sais, mais j'ai fais mon choix il y a longtemps Jane. Je suis désolée. ». Ce qu'elle ressentait pour son amie, elle ne le comprenait pas suffisamment pour que cela change quelque chose à ses projets. Après tout, c'était peut être juste une passe et une fois loin d'elle, ce ne serait que de l'histoire ancienne...

24 Septembre 2007 - Localisation secrète

« D'après nos renseignement, la cible se trouve ici. ». Il posa son doigt sur le point de la carte correspondant tout en regardant les soldats qui l'écoutait. « Sanchez, Backer, Harver et Wade, vous vous placerez ici, ici, ici et ici. A moindre mouvent suspect de la cible, vous nous avertissez. Jensen, Ramirez et Cooper, vous passerez par la porte sud, vous entrerez les premiers pendant que Parker, Hunt et moi forceront la porte Est. Compris? ». D'une voix commune, tous les soldats à ses ordres répondirent par l'affirmative. Dans ce groupe, une seule femme, Charlie. Cela faisait à peine deux ans qu'elle avait enfin rejoint les forces spéciales et c'était certainement la mission la plus importante à laquelle elle avait participé. Loin d'être effrayée, elle était surtout déterminée à montrer à ces hommes qu'elle pouvait être un aussi bon soldat qu'eux, voir même un meilleur soldat. Certain n'avait prit la décision de s'engager qu'après les évènement du 11 septembre, elle, elle avait ça dans le sang. Le silence qui régnait pendant la préparation était reposant, calmant. Elle vérifia chacune de ses armes trois fois, par mesure de sécurité. Elle prit bien soin de vérifier la position de son gilet pare-balle deux fois et puis le casque et les lunettes. Elle pensa alors à son frère qui lui était rentré à la maison depuis environ deux mois. Elle pensa à son père, quelque part dans ce pays lui aussi. Elle pensa à sa mère et sa petite sœur, restée à Sutton Bay avec ses grands parents. Et puis, elle se focalisa sur la mission. Chacun prit la place qui lui avait été désigné. Son fusil dans les mains, elle fermait la marche. Jensen et Ramirez seraient donc les premier à entrer, elle suivrait juste après. La porte céda rapidement, les deux hommes entrèrent et elle pu entendre des coups de feux avant même qu'elle passe la porte. En entrant, elle manqua de se faire toucher par une balle perdue. A couvert, les trois soldats entendirent la porte Est céder à son tour et les coups de feux de leur partenaires. Elle se souvint alors s'être relevée pour les couvrir, et puis, Black out.

***

Deux Jours plus tard
« Comment tu te sens? ». Assise sur le lit qui l'avait accueillit ces deux derniers jours, Charlie essayait de remettre les boutons de sa veste avec beaucoup de mal. « Bien. Si on oublie la perte de mémoire et la balle qui a traversé mon épaule. Je m'en sort bien moi au moins. ». Elle était incapable de se souvenir de ce qui c'était passé, de ce qui avait dégénéré. Mais de ceux qui était entré dans ce baraquement, il n'y avait qu'elle qui en était sortit vivante. Le temps que les quatre homme resté en couverture n'arrive jusqu'à eux, l'ennemie avait eu raison des autres soldats. Tout ce dont elle pouvait se rappeler, c'était les coups de feux, comme si ils avaient été attendu. Elle se rappelait avoir couvert l'équipe de la porte Est, le reste n'était qu'un brouillard si épais qu'elle n'y voyait rien. « Quelques semaines à la maison te feront le plus grand bien. ». « Tu as eu des nouvelles de mon père? ». « Il est déjà rentré chez toi pour deux mois, tu le retrouveras à la maison. ». Elle lui sourit en guise de remerciement et se leva, quelque peu chancelante. Elle rentrait à Sutton Bay, du moins pour quelques semaines, le temps de se remettre, mais elle reviendrait ensuite.

15 Septembre 2010 - Fort Bragg

« On ne devrait pas, si on se fait prendre? ». Malgré sa crainte, il lui fut bien impossible de repousser la jolie blonde qui l'embrassait. Elle savait que c'était dangereux, que si elles se faisaient surprendre, c'était leur carrière qui était en jeu, pourtant ça faisait un bien fou de la retrouver. « Personne ne vient jamais ici. Et ça fait trois mois que je t'ai pas vu, je peux pas m'en empêcher. ». Les lèvres se rencontrèrent de nouveau, les mains vagabondant sur les corps. Charlie était à peine revenue de trois mois de mission et la seule chose à laquelle elle avait pensé, ça avait été cette jolie blonde. Cassidy, la fille de son supérieur. Elles savaient pertinemment qu'elles n'avaient pas le droit de se faire prendre, mais elles ne pouvais pas s'en empêcher l'une comme l'autre. « Tu m'aimes? ». Bien que la question sembla surprendre Charlie, elle sourit à la demoiselle qui lui faisait face tout en l'approchant un peu plus d'elle. « Bien sûr que oui je t'aime. ». Ce n'était juste pas vraiment dans sa nature de le dire et elle n'était pas forcément experte dans la démonstration non plus. « Alors dans le fond, c'est pas si grave si on se fait prendre. ». Charlie leva alors un sourcil et fit une légère moue. Elles ne partageaient pas le même point de vu à ce sujet. Si Charlie était pleinement épanouie au service de l'armée, ce n'était pas vraiment le cas de Cassidy qui avait choisit cette voie uniquement pour plaire à son père. « Qu'est-ce que tu veux dire? ». « Au moins si on se fait prendre et bien ils se feront un plaisir de nous renvoyez. ». « Je n'ai pas envie de me faire renvoyer et tu le sais. J'aime mon métier. ». Charlie posa sa main sur la joue de la blonde et la regarda un long moment. Elles ne seraient de toutes façons jamais d'accord sur le sujet. Cassidy avait déjà évoqué le sujet, ce faire prendre, c'était le moyen idéal pour quitter l'armée sans avoir l'air d'être des déserteurs. Mais cela ne convenait pas à Charlie. « Tant pis ». Comme chaque fois la discussion prit fin rapidement pour se terminer par de nouveaux baisers échanger. Pourtant, lorsque la porte de la pièce s'ouvrit, Cassidy allait enfin être exhaussée...

8 Février 2011 - Sutton Bay

Les rideaux furent tirés avec énergie, inondant alors la pièce de lumière, forçant Charlie à se cacher sous sa couette pour ne pas être trop éblouie. « Il est temps de sortir du Lit SleepyHead. ». Seul un grognement se émana de sous la couette. Charlie n'avait absolument pas envie de sortir du lit. A dire vrai, cela faisait maintenant deux mois qu'elle n'avait pas envie de mettre le nez dehors. Elle restait à déambuler dans la maison familiale sans but réel. Elle avait perdu sa force et sa joie de vivre quand elle c'était faite renvoyée de l'armée. Le retour à la vie civile elle ne l'avait pas prévu si tôt et cela ne lui allait pas du tout. Mais sa mère était fatiguée de la voir ainsi et avait décidé qu'il fallait faire quelque chose. Charlie la sentit s'assoir auprès d'elle et elle daigna sortir la tête de sous sa couette. « Écoute, ce sont des imbéciles d'avoir laissé partir un aussi bon soldat que toi. ». Charlie se redressa un peu sur son lit pour regarder sa mère. « Tu le penses vraiment maman? Ou tu me vois comme la honte de la famille? Sois franche. ». Madame Cooper remit alors en place une mèche des cheveux de sa fille. « Tu n'as jamais connu ton oncle Justin. C'était un homme génial, adorable et un excellent soldat. Mais un jour il lui est arrivé la même chose qu'à toi ma chérie. Sauf que ton oncle c'est suicidé deux semaines après. Je ne te vois pas comme une honte, je te vois comme ma fille que j'aime, et j'ai peur de te perdre toi aussi si je ne fais rien. ». Si Charlie avait déjà vu cet oncle Justin en photo, on ne lui avait jamais parlé de lui, elle comprenait pourquoi maintenant. Elle regarda sa mère et sortit de sous la couette pour aller poser sa tête sur les genoux de celles-ci. « J'ai plus rien. Elle, elle a eu ce qu'elle voulait, le retour à la vie civile, moi j'ai plus rien parce que maintenant je la déteste pour ce qu'elle a fait et qu'on m'a enlevé la seule chose pour laquelle j'étais douée. ». Un sourire se dessina sur le visage de madame Cooper. Il y avait déjà du progrès, elle en avait parlé...

20 Septembre 2011 - Sutton Bay

Cher Journal,
Bon sang, comme je me sens vraiment idiote d'écrire ça. C'est cet idiot de psy' qui pense que ça pourrait me faire du bien de tenir un journal. Peut être qu'il n'a pas tord, j'en sais rien, j'ai jamais eu de journal avant ça moi. Je ne sais pas ce que je dois dire ou non. Demain je commence à travailler dans un bar comme serveuse. Ma mère dit que cela me fera déjà beaucoup de bien. J'en suis pas sûre moi. C'est pas facile d'être de retour à Sutton Bay alors que je devrais être en mission quelque part dans le monde. Mon père et mon frère m'envoient des cartes postales, comme si j'avais vraiment besoin de ça. Et puis dans un an c'est Cara qui entrera dans l'armée. Finalement, je crois qu'il n'y a que ma mère qui me comprenne. Elle m'a avoué que ça lui manquait, même si elle ne regrettait rien.
Le psy' a dit que je souffrais de stress post-traumatique et que c'était pour ça que j'avais pété un plomb à la boulangerie l'autre jour. Il a peut être raison, je sais pas. Il voudrait que je lui parle de ce que j'ai vécu là-bas, il peut toujours courir pour que je lui parle. J'aime pas sa tête en plus à celui là. Et sérieusement, il m’énerve avec ses idées à la con d'écrire un journal là. Je vais finir par lui faire bouffer moi. Comme si ça allait changer quelque chose à ma vie maintenant. Je suis foutue, la moindre des choses ce serait qu'on me laisse tranquille non? Bah visiblement non. Après tout, peut être que mon oncle Justin a eu raison...