image : crédit obligatoire.

i wish nothing but the best for you.
« Encore à perdre ton temps sur ces toiles ? » Dans un lourd soupire, la jolie se contente de hocher légèrement la tête, le regard toujours posé sur cette peinture. Encore une fois, il se permet d'entrer sans frapper, encore une fois, il se donne la permission de passer des commentaires désobligeants, croyant sans doute qu'il a tous les droits. Elle déteste cette façon d'être qu'il se donne, mieux, elle le déteste lui-même, de tout son être. « Si tu n'es pas aveugle, tu remarqueras qu'effectivement je suis encore à travailler sur cette toile. » Corrige-t-elle avant de rouler des yeux, manie qui lui prend souvent lorsqu'elle se retrouve en sa compagnie. « Poussin, je dois te parler. » Ce surnom lui pue au nez, va même jusqu'à lui lever le coeur. Il passe sa vie à lui gâcher l’existence, à pourrir sa vie et par la suite, il tente de l'amadouer, de l'acheter à l'aide de surnoms plus que ridicules. « Cette fois tu viens m'annoncer que je vais être mère ? Que pendant que je dormais t'as payé un type pour qu'il me mette enceinte ? Attends, non tu as signé des papiers d'adoption en mon nom c'est ça ? » Dans un mouvement brusque, elle se lève, laissant tomber son pinceau sur le parquet, ce qui laisse un énorme tache rougeâtre. Elle sait qu'elle exagère, que son père n'irait pas jusque là, mais c'est la colère qui parle, les mots sortent, plus rien ne les bloque et ça lui fait un bien fou. Lourdement, elle se laisse tomber au pied de son lit, suivit de près par son géniteur. « Charlie-May, s'il te plait écoutes-moi. Je sais que tu m'en veux terriblement, que tu nous en veux à tous les deux pour tout dire. Mais ta mère et moi avons fait ceci pour ton bien, pour que tu ne finisses pas ta vie seule et que tu n'en fasses pas un gâchis. De la même manière que tu es en train de le faire avec ta vie professionnelle. Je suis certain que tu peux comprendre ? » Des conneries, que des conneries. C'est tout ce qu'elle en pense, rien d'autre. Certes, elle n'est pas étudiante en chirurgie, elle n'a pas l'intention de faire les moindres études et aspire à vivre de l'art et alors ? « C'est ma vie que tu détruis, c'est ma liberté que tu brimes et tu attends de moi que je comprenne ? Tu t'attends à ce que je te saute dans les bras en te disant à quel point je t'en suis reconnaissante ? Rêves toujours papa et maintenant, j'aimerais que tu sortes d'ici. Je dois me préparer pour aller souper chez .. mon futur époux, exact ? » Sans le moindre ajout, la moindre culpabilité, il sort de sa pièce, laissant la jolie seule, le coeur déchiré. « Vie de merde. » Murmure-t-elle avant de laisser tomber sa tête dans le creux de ses mains.

we found love in a hopeless place.
« New York, c'est pas un peu loin chérie ? » D'une voix faible, c'est peine si elle arrive à se faire entendre sous la voix forte de son mari. « Si mais c'est pour une bonne cause maman, Nathanaël a été accepté à Brown. Tu ne voudrais quand même pas qu'il rate ses études, non ? » De la manipulation, pure et vraie. Pourtant, personne ne semble s'en rendre compte. Ils croient tous à ses paroles, ils sont tous convaincus qu'elle vit réellement le bonheur, qu'elle se fait réellement du soucis pour la future carrière de cet imbécile. « Tu vois bien que t'inquiètes pour rien Mariloup, alors cesse de parler pour rien dire tu veux bien ? » Sa voix se veut froide, méchante et sous ces horribles mots, la concernée ne peut faire autrement que de se taire. Il est l'homme de la maison, il a le contrôle sur tout. « Papa .. » « Charlie, tu ne t'en mêles pas d'accord ? » Encore une fois, le silence se fait autour de la table. Plus personne n'ose parler, ne voulant pas casser ce silence glacial. Les yeux rivés sur son assiette, Charlie-May se surprend à avoir hâte de partir, de quitter Sutton Bay pour New York. Certes, elle sera coincé en appartement avec un homme qu'elle n'aime pas, elle sera loin de sa mère, de ses amis, mais de cette manière, elle se sentiras sans doute plus libre, loin de ce supplice qu'est son père. « Vous savez, mes parents aimeraient bien vous inviter à souper dimanche prochain. » Derechef, la jolie blonde lève la tête, une grimace accroché aux lèvres. Encore un souper, encore une de ses rencontres familiales où l'argent sera le principal sujet, où les hommes s'éclipseront dans le salon pour fumer un cigare et où les femmes se fermeront la gueule, encore une fois. Elle n'en peux plus de cette vie, de cette horreur qu'est son existence. Certes, certains vivent pire et elle est consciente, mais elle s'imagine parfois vivre la vie d'un autre. Une famille normale surtout. Au lieu de ça, elle est coincé avec un père qui se prend pour un dictateur, une mère trop naïve et un futur époux pour qui elle ne ressent rien. Il est beau, il est riche, il est le fantasme de tous les femmes et pourtant, il ne fait que lui puer au nez. Ses grands airs qu'il se donne, ce sourire provocateur qui lui pend toujours au bout des lèvres. À sa seule vue, Charlie n'aurait d'envie que de lui arracher. Elle est coincé avec lui, prise dans les griffes d'un futur mariage qu'elle ne désire pas et tout ça, parce qu'elle n'arrive pas à fuir. Parce qu'elle est incapable de faire un tel coup à son père. De toute manière, fuir où ? Il finirait pas la retrouver, par lui dire à quel point elle le déçoit. Puis il ferait ensuite comme si de rien était, préférant passer tout son temps au boulot plutôt qu'avec sa fille, qui ne demande que de l'écoute, un peu d'écoute. Sans même qu'elle ne s'en rendre compte, elle sent un main se déposer contre la sienne. Doucement, elle relève la tête, réalisant que la tablée au complet est fixée sur elle. Joues ton rôle ma vieille, tu es une femme amoureuse, une femme comblée. Un sourire des plus faux prends doucement place au creux de son doux visage et sans même adressé le moindre regard à ce qui s'avère être son fiancé, elle replonge dans son assiette.

this could be the end of everything.
« Je te déteste, qu'est-ce que tu n'arrives pas à comprendre dans ces mots ? » Légèrement, elle fronce les sourcils. « Et puis cesse de me regarder ainsi. Nous sommes peut-être fiancés, mais je ne suis pas dans l’obligeance de te porter dans mon cœur. Après tout, si nous sommes ensemble, ce n'est certainement pas par choix. » Comme à chaque fois, elle se sent déjà mieux. Lui dire ces mots crues, lui crier ce qu'elle pense, rien n'est meilleur à ses yeux. Certes, devant les autres elle se doit de jouer la comédie, elle n'a d'autre choix que de faire semblant, de prétendre que tout va bien, qu'ils sont éperdument amoureux alors qu'il n'en ai rien. « Je ne suis pas idiot Charlie, je le sais bien qu'au fond de toi, t'es complètement dingue de moi. C'est le genre de truc que je peux sentir et puis ça se voit dans ton visage, dans tes paroles et même tes mimiques. » Quel crétin, elle lui arracherait bien la tête. Poussant un soupire, la jolie tente tant bien que mal de ne pas lui sauter au coup. Elle est prise avec lui pour toujours, jusqu'à ce que la mort les sépare. Tous les deux debout au milieu de la cuisine, les éclairs semblent leur sortir des yeux, comme si un meurtre allait bientôt être commis. Au bout d'un moment à la fixer, le jeune homme finit par hocher la tête, reprenant ce sourire débile. « M'en fiche de toute manière. Je dois aller me préparer, je sors ce soir. Tu veux venir ? Je vais aller en boite avec un pote, regarder les jolies demoiselles, boire quelques verres et sans doute revenir vers deux ou trois heure du matin. Aurais-je la chance d'être accompagné par ma douce fiancée ? » « Ouais c'est ça, dégages. » Se contente-elle de cracher avant de quitter pour sa chambre. C'était ça le plan. Acheter un grand appartement, avoir chacun sa chambre et prétendre qu'il ne s'agit que d'une simple chambre d'amis lorsque la visite vient.

C'est finit Charlie, elle est partie. Depuis plus d'une heure, elle ne cesse de se répéter ces mots, ces mots prononcé avec tant de douleur, tant de tristesse venant d'un homme pourtant si froid, si dépourvu du moindre sentiment. À croire qu'il était amoureux, qu'il tenait réellement à elle. Assise en tailleur sur le canapé, le regard perdu au travers la fenêtre, la jolie semble être dans un tout autre univers. Elle ne bouge pas le moindre petit doigt, ne verse pas la moindre larme. Comme si son corps était ici mais que son esprit n'était plus, qu'il l'avait quitté. Au bout d'un moment, un bruit de porte se fait entendre et aussitôt, Charlie reprends ses esprits. Malgré son état ravagé, elle ne peut s'empêcher de sourire tristement. Depuis quand rentre-t-il si tôt celui-là ? Malheureusement, ce sourire s'efface aussitôt. Elle ne veut pas supporter ces débileries, elle ne vet pas l'endurer lui. Être seule, c'est tout ce dont elle a besoin, rien d'autre. « Charlie .. » Sa voix est étrangement calme, tout comme son visage. Il n'aborde pas ce sourire, ses yeux ne brillent plus. Sans même s'inviter, il prend place auprès de la blonde, la poussant légèrement pour avoir un peu d'espace. Le regard toujours posé sur lui, elle finit par comprendre cette soudaine douceur en son égard, cet air si triste. Il est courant, il a du être prévenu par ses parents, quelque chose tout comme. « Je suis désolé. » Il marque une pause, prenant une légère inspiration puis continue. « Mon père m'a téléphoné pour m'apprendre la nouvelle et je suis venu aussi vite que j'ai pu. Je me suis dis que tu avais sans doute pas envie d'être seule. » C'est pourtant ce dont elle avait besoin, la solitude. Néanmoins, pour l'une des rares fois où il prouve avoir un coeur, elle ne peut gâcher ce moment. Hochant légèrement la tête, elle esquive un triste sourire. « Merci beaucoup. » Il rit doucement, essayant sans doute de détendre l'atmosphère puis, avec tout autant de douceur, déplace la mèche qui vient de tomber sur le délicat visage de la belle. Il la trouve magnifique, même avec les yeux rougis. Pour la première fois depuis leur cohabitation, il réalise à quel point elle est différente, le contraire de tout ce qu'il a pu connaitre auparavant. Une envie de l'embrasser lui prends soudainement et tant bien que mal il se contrôle. Ce n'est pas le moment, il ne peut pas. « Je vais devoir retourner à Sutton Bay. » D'un hochement de tête, Nathanaël acquiesce. Un retour dans le passé.