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« Eteind moi ça crétin ! » Grogna la jeune femme tandis que Seven allumait sa cigarette, adossé contre le mur de brique du centre d'accueil. Ah ! Le centre d'accueil, le voilà qu'il avait dix-sept ans et il attendait encore qu'une famille veuille bien de lui, le cas désespéré, le p'tit mec sans famille. Oh, il n'avait jamais été battu, juste abandonné. Ouais, en fait, il avait bien de la chance comparé à d'autres gosses maltraité. Des gosses comme elle, comme Demesya. Elle était là depuis tellement longtemps qu'elle avait l'impression d'être né ici. Lui ça faisait que dix ans qu'il était là, elle, elle avait seize ans mais elle était ici depuis … ses un an en fait. « Non, je l'éteins pas. » Esquissant un sourire amusé, il la nargua en allumant la cigarette, tirant dessus et lui soufflant la fumée à la figure. Grimaçant en bougeant sa main pour faire partir la fumée, elle lui tira la langue. « Si tu crèves du cancer, compte pas sur moi pour chialer. » Minaudant pour se moquer d'elle, il la poussa gentiment. Sya, c'était la première personne qui l'avait accueillit dans ce taudis. Oui, c'était un endroit minable, mais, c'était aussi chez lui, sa seule famille pour le moment. « Si tu chialeras, tu m'aimes trop. » Prétentieux ? Certes, il l'était un peu mais c'était surtout ironique, Seven était de ses mecs qui ne se prennent pas la tête, il ne perd pas son temps à se poser trop de question et passe son temps à blaguer. « Rêve ! »

* * *


Seven était allongé sur son lit, écouteurs fixé dans les oreilles lorsqu'il sentit Demesya se jeter sur lui, comme d'habitude, toutefois, elle semblait plus excitée qu'à l'accoutumé. Retirant ses écouteurs un peu alerte, il arqua un sourcil. « Punaise, j'espère qu'il y a un truc important pour que tu te jettes sur moi comme ça Sya ! » Frappant dans ses mains comme une gamine excité, elle resta assise à califourchon sur lui, le laissant se mettre sur les coudes pour mieux la voir. Ses yeux brillaient et ils semblaient aussi bien respirer la joie que la peine, émotion étrangement contradictoire. « Ils t'en ont trouvé une Sev' ! » « De quoi tu me parles ? » « De famille ! T'as une famille ! C'est bon, t'as une famille ! » Un instant, Seven resta stoïque, cette nouvelle lui semblait si étrange, après tant d'années passé ici, il allait partir, aller chez des gens qu'il ne connaissait pas, des étrangers qui avait bien voulu de lui, du garçon sans famille. Ca lui semblait si irréel mais à la fois, tellement inespéré. « Comment tu sais ça toi ? » Elle gardait son sourire béat sur les lèvres, Demesya était contente pour lui, c'était indéniable, elle espérait tout autant voir plus que Seven se casse d'ici plutôt qu'elle. Tout comme lui voulait que Sya trouve une famille. « J'ai entendu Svana en parler avec la vieille Patty. C'est une grande famille si tu savais ! Tu vas avoir des parents et deux sœurs. T'imagines ? DEUX sœurs. C'est pas trop cool ça n'empêche ? » Elle le serra dans ses bras avec vigueur tandis que lui restait à moitié inerte, bouche toutefois grande ouverte et yeux ronds tant l'étonnement le submergeait. Puis, il vit Demesya s'écarter de lui, toujours un sourire aux lèvres mais un air mélancolique. Elle descendit du lit et alla se poster sur le rebord de la fenêtre, tournant la tête vers le dehors de sorte qu'on ne voit pas son visage. « Sya ? » Elle le regarda avec un sourire, regardant vers le haut pour combattre les larmes. « Ca va, je suis contente que tu … tu t'en ailles. » Une moue confuse s'afficha sur son visage et il prit Demesya dans ses bras, la serrant tellement fort qu'il aurait pu l'étouffer, embrassant la joue de son amie. « Je te laisserais jamais tomber Sya. Je viendrais souvent, promis. Je vais pas t'abandonner. » Elle avait simplement hoché la tête, les larmes coulant malgré elle sur son visage, aussi bien de joie que de peine. Quelques semaines plus tard, Seven s'en allait, rejoignant la famille Rhodes.

Il n'y avait pas à dire, intégrer une famille, c'était tout autre chose que la vie dans le centre d'accueil. Oh ça non. Et Seven pouvait bien dire qu'il était bien tombé, parfaitement bien même. Ils étaient tous géniaux, des parents incroyables et deux sœurs qui l'étaient tout autant. C'était assez spéciale, comme vie, pour lui. Il avait eut besoin d'un temps d'adaptation, c'était clair, passer du centre d'accueil bondé de gamins surveiller par une dizaine de tutrices c'était tout autre chose que d'être dans un cocon familial. Mais, il s'y était fait rapidement, il fallait dire que l'accueil avait été bien plus que chaleureux et s'était comme être de la famille dès le départ. A bien y réfléchir, rien que le fait d'avoir un nom de famille qui avait une réelle signification pour lui, c'était étrange. « Seven Keenan Rhodes, ça en jette ça comme prénom. » Il avait tenu sa promesse, chaque semaine, il passait voir Mélissa, elle, elle avait déjà fait trois nouvelles familles d'accueil, mais, chaque fois elle revenait. Et même si elle partait du centre, il allait la voir à sa nouvelle demeure, sa marchait comme ça entre eux. « Mon Seven est devenu un mec avec un nom de famille. J'suis fier de toi tu sais. » Elle le poussa de l'épaule, gentiment et il lui sourit, passant son bras au dessus de l'épaule de Demesya en embrassant son front. Elle lève le regard vers lui. « Alors, c'est toujours aussi bien chez les Rhodes ? » « Ouais, toujours. Ils sont tous vraiment cool, tu devrais venir un jour, tu sais, juste … que tu les connaisses. Tu les adorerais. » « Ils t'ont adoptés et tu les trouves cool … je les adore déjà. Avoir une vraie famille, ça doit être cool. » Son air songeur amadouait Seven, qui la secoua doucement sans cesser de la regarder. « T'en trouveras une, une encore mieux que la mienne et je te jalouserais. » Elle lâcha un rire rauque devant le sourire qu'il affichait et elle se terra un peu plus dans le cou de seven. « Oh je t'en prit, qui aimerait une fille schizo ? » Embrassant une nouvelle fois son front, Seven eut un vague air songeur avant de la regarder. « Moi, je t'aime. » Elle lui sourit pour toute réponse.

* * *

Dix-neuf ans, c'est l'âge qu'à Seven lorsque sa mère adoptive, Tatianna Rhodes meurt. C'est également l'âge ou il se met enfin en couple avec Demesya. Oh il était temps, oui. Assis du côté passagé de la voiture de Seven, elle a un regard attendrit, ne se doutant pas que la déchéance est proche. « Tu m'emmènes ou ? » « Haha, surprise ! Il roule, droit sur la route, sans jamais lâcher le regard. Sauf cinq secondes. Cinq petites secondes ou tout bascule, il regardait juste Demesya, rien de plus, mais le camion en face n'a pas attendu, lui. La collision fut alors évidente et la néant les envahis, l'un comme l'autre. Quelques semaines plus tard, Seven se réveille, presque indemne. Seul les séquelles psychologiques demeure, en fait. Parce oui, il est torturé par l'idée que cet accident est de leur faute. « Vous pourrez bientôt sortir monsieur Rhodes. Dès que vous aurez signez la décharge et que nous aurons fait les derniers examens. » Il n'écoute presque pas, la seule chose qui l'inquiète, c'est Demesya, encore et toujours. « Et Demesya ? Demesya Monroe ? » Le médecin sembla hésiter, jaugeant le dossier médicale de Seven comme s'il allait faire un infarctus à la moindre contrariété. Souriant vaguement d'un air désolé, il regarda son patient. « Ecoutez, pour être franc, mademoiselle Monroe est un dans un piteux état, pour ne pas dire plus. Elle est dans le coma et n'indique aucun signe nous donnant l'espoir de son réveil proche. Malheureusement, nous pouvons même dire que ses chances de se réveiller son très mince et celle d'avoir un état psychologique convenable encore plus. » La gorge de Seven se noua d'elle même et il fit simplement signe au médecin qu'il voulait sortir d'ici au plus vite.

* * *

Fuir … il étai doué pour ça. Au lieu de faire face au proche de Demesya, à sa propre famille, il avait seulement fait un sac et avait déménagé à New York. Là-bas, il avait entamé des études de médecine, devenant finalement chirurgien. Oubliant Demesya, sa famille et tout le reste. Sutton Bay ne semblait plus être qu'un souvenir, jusqu'à la réception de cette lettre. Cette fameuse lettre de sa sœur.

Citation :

« Seven,

Tu n'imagines pas à quel point j'ai galéré pour retrouver ton adresse, tu te caches je le conçois, mais, je pensais que tu savais que tu pouvais me faire confiance … visiblement, tu ne l'as pas comprit. Ecoute …. je ne sais pas pourquoi tu es partit ni quand est-ce que tu reviendras -supposant que tu reviennes … Lâche !- Mais j'ai besoin de toi, et papa aussi et, ton autre sœur. Oui tu sais, tu as une famille, qui t'aime ? Tu pourrais donner des nouvelles, tu manques à tout le monde. Pitié, passe au moins un coup de fil. Ici tout va bien, même si on s'inquiète pour toi.

Ta sœur, qui t'aime. »

Son cœur avait sans doute eut des ratés durant cette lettre et elle eut pourtant l'effet escompté: abandonnant son boulot dans son hopital new-yorkais, il retourne finalement à Sutton-Bay, neuf ans après son départ. Imaginant déjà devoir faire face aux ruines de son passé.