image : tumblr.

Appréhendant l'heure qui allait suivre, je frappa à la porte me faisant face d'une main hésitante. Un bref "Entrez" m'invita à ouvrir cette même porte. Pénétrant donc dans la pièce, je me plaça- comme à mon habitude depuis 5 semaines déjà- face à mon interlocuteur, sur un énorme fauteuil moelleux. Malgré le confort de ce dernier, je me tenais droite comme un i, dans une position légèrement défensive. « Bonjour docteur. » Ma voix était neutre, comme toujours depuis que l'on m'avait obligée à suivre une psychanalyse chez le Dc Goldstein; suite à mon coma de quatre mois. Me répondant d'un sourire affable, le vieux monsieur s'enquit de savoir comment j'allais. Un simple bien lui répondit, pour ne pas changer. C'était plus fort que moi, je ne voulais pas vraiment être désagréable envers ce bon monsieur, mais l'idée d'être analysée de la sorte par un inconnu m'insupportait au plus haut point! Pourquoi suivais-je cette thérapie dans ce cas? Car j'y étais bien obligée: protocole de réinsertion m'avaient expliqués les médecins. Ils avaient, également, bien insisté sur le caractère gratuit ET obligatoire de la chose. Enfin, il avaient finis par ajouter que plus je serais coopérative, plus vite ce serait fini. Donc, et ce même si je me montrais distante: je n'entravais pas le bon déroulement des séances. Pourvu que cela finisse et vite. Se raclant la gorge, le psy interrompit le court de mes pensées et prit la parole. « Bien, aujourd'hui, tu ne vas pas parler et moi me contenter de t'écouter. Je vais te poser quelques questions, que j'ai réalisées sur base des données que tu m'a fournies au cours des séances précédentes; et toi tu y répondras. Tu verras: ça ira vite. Tu es prêtes Sarah? » Haussant les épaules, je lui fit donc signe de commencer son interrogatoire. Plus vite on aurait fini, plus vite je pourrais retourner m'amuser.

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Pour commencer, j'ai cru comprendre que Logan, ton frère compte beaucoup pour toi. Comment qualifierais-tu le lien qui vous uni lui et toi?
Et bien, il est la personne qui compte le plus au monde à mes yeux. Il connait tout de moi- & vice-versa- et je pourrais toujours compter sur lui. Et c'est bien la seule personne du sexe opposé qui m'ait jamais donné ce sentiment de sécurité. Il est le seul en qui j'ai réellement confiance. Seulement, parfois il peut se montrer légèrement trop protecteur- chose qui a le don de m'énerver. Mais après tout, chacun a ses défauts. Et puis, selon moi, il a surtout beaucoup de qualités. Je ne supporterais jamais de le perdre. Je crois donc pouvoir qualifier notre relation de fusionnelle. Il est le père que je n'ai jamais eu, le grand frère que j'ai eu la chance d'avoir et le héros de ma vie.

J'avais cru comprendre que- hormis ton frère- tu avais perdu toute fois en la gente masculine. Cela aurait-il quelque chose avoir avec l'absence de ton père?
On ne peut qualifier de père un homme que l'on ne connait même pas. Il nous a abandonné ma mère, Logan et moi. Longtemps, j'ai cherché à le connaitre; mais je n'ai su que me heurter à un mur d'indifférence. Et c'est ce que je ressens pour ce dernier aujourd'hui: de l'indifférence. Et pour répondre à votre question: je ne crois pas que mon père m'ait poussé à de tels retranchements.

Bon, si tu e dis, c'est que c'est vrai. J'ai néanmoins une dernière question à propos de ce dernier. Appelons le ton géniteur, à défaut de le qualifier comme ton père- si tu préfères. A-t-il pris de tes nouvelles depuis ta sortie d'hôpital?
Oui, je préfère- en effet. Non, il n'en a pas pris.... Et... C'est très bien ainsi!

Je vois... Ne parlons plus de ce sujet épineux, veux-tu? Et à part ça, as-tu enfin une idée sur ce que tu aimerais faire maintenant que tu as décidé d'arrêter la médecine? Es-tu sure, d'ailleurs, de vouloir arrêter ton grand rêve. Celui d'aider les autres?
La vie est trop courte que pour la passer sur les bancs de l'école. J'ai besoin de bouger, de changer d'air, de me couper du monde de la médecine. Pour un temps du moins. Les hôpitaux m'étouffent, les médecins m'étouffent, les malades m'insupportent! Et j'ai bien réfléchis: je pense à devenir mannequin. J'ai les mensurations pour, donc pourquoi ne pas tenter? J'ai envie d'une vie légère et frivole. J'en ai besoin.

Mannequin? Voilà qui est un choix intéressant... Et à part cela, que fais-tu de tes journées en ce moment?
Rien de spécial: je sors, je vois du monde, je m'amuse. Somme toute, je profite de ma jeunesse!

Il est vrai qu'il faut profiter de ses belles années! Une dernière question et puis nous en aurons fini ici. Regrettes-tu ton "voyage vers l'au-delà" ?
Tous les jours depuis mon réveil... Cette connerie m'a fait perdre 4 mois de ma vie. Quatre mois que je ne récupérerais jamais... Savez-vous le sentiment d'insécurité que cela procure de perdre un pareil laps de temps sur sa vie? J'ai perdu du temps, beaucoup, et je compte ne plus jamais faire cette erreur! C'est d'ailleurs une des deux seules bonnes choses que ce coma à eu: me faire réaliser à quel point on pouvait vivre sa vie tout en passant à côté. Le deuxième point positif étant que j'ai enfin compris à quoi m'en tenir avec mon père... Bien que, sur ce point, je n'avais déjà plus beaucoup d'espoir depuis mes 15 ans...

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Prenant quelques dernières notes rapide, le Dc Goldstein me remercia pour mes réponses et me donna le droit de m'en aller. « La prochaine fois que nous nous reverrons sera la remise de conclusion. Et à partir de cela, nous déciderons ensemble si tu dois continuer une thérapie ou non. Malheureusement, ce serait payant après. Enfin, nous aurons tout le temps d'en discuter la prochaine fois! A très bientôt, Sarah » Peu rassurée à l'idée de cette prochaine fois, je n'en laissa pourtant rien transparaitre. Me contentant d'un simple " Au revoir, bonne fin de journée docteur", je finis donc par prendre congé. Une fois sortie de ce bureau, le poids qui pesait sur mes épaules s'en alla et un sourire réjouit se dessina sur mes lèvres à la perspective de la soirée qui m'attendait. Ce soir: Tequilla! C'était donc d'un pas léger que je partis à la rencontre d'une soirée qui me permettrait encore une fois d'oublier. De m'oublier.

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Le docteur Golstein a écrit:

Sarah me parait être une jeune fille forte et intelligente. Il est d'ailleurs dommage qu'elle arrête ses études pour devenir mannequin. Mais cette décision me conforte dans l'idée que la jeune fille essaye de s'évader, d'oublier ses tracas. Chose peu étonnante au vu de son parcours familial et personnel plus que chaotique: père absent, anorexie, mauvaises fréquentation, relations conflictuelles avec la mère, coma et j'en passe... Au vu des séances passées avec Sarah, je pense aussi pouvoir affirmer sans aucun doute que l'amour-haine qu'elle voue à son père est la cause de toutes ses souffrances internes. Et qu'elle pâtit toujours de cette absence qu'elle n'a jamais comprise- même si elle refuse de l'admettre. De plus, sa nouvelle vie légère m'inquiète quelque peu: j'ai peur qu'elle ne finisse par devenir dépendante de la boisson, ou pire. Ce qui, à nouveau, ne serait pas étonnant; tous les moyens sont bons pour oublier dans ce genre de cas. En connaissance de ces deux trois points, je pense qu'il serait préférable que Sarah continue à me voir; moi ou un autre de mes confrères ( si elle préfère). Sans une thérapie suivie, j'ai peur de ce qui pourrait arriver à cette jeune femme. Je crains qu'elle ne retombe dans des comportements auto-destructeurs tels que l'anorexie, à terme.