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« Lou, tu peux me dire ce que tu vois ? » Visualisant la tâche d’encre sur le papier que sa psychologue lui montrait, la petite Lou-Ann, tout juste âgée de sept ans sourit avant de répondre : « Je vois une tâche d’encre bleue sur une feuille de papier. Ah, et c’est symétrique ! » Le visage de la psychologue se décomposa après cette réponse, puis, elle soupira. « Oui mais, a quoi est-ce que ca te fait penser ? » ajouta-t-elle ensuite en faisant bouger ses mains. « Heuu … a une tâche d’encre bleue sur une feuille de papier ? » Reposant la feuille et posant sa main sur son front, la vieille dame écrit des notes sur le cahier posé en face d’elle. « Ah Lou-Ann, du haut de tes 7 ans, tu es ma cliente la plus difficile. » Cette remarque ne tarda pas à procurer une certaine fierté à la jeune fillette. Tournant la tête de droite à gauche, le sourire sur les lèvres, Lou-Ann s’arrêta sur la fenêtre au fond de la pièce. « Oh une coccinelle ! » Dit-elle tout enjouée avant de sauter de sa chaise pour aller prendre cette dernière sur son doigt. La faisant jouer sur ses doigts, elle rapprocha son visage et murmura : « Pourquoi tu es toute seule ? Tu n’as pas de famille ? Tu n'as pas d'amis ? Oh ... Je vois, tu te sens seule c'est ça ? Ne t’en fais pas, pour l’instant tu es seule, mais tu mourras heureuse ! »

Durant l’enfance, Lou-Ann pouvait facilement être comparée à cette coccinelle qui errait seule sur la vitre de sa psychologue : Seule, mais remplie d’espoir. Enfant perturbée ? Pas le moins du monde, juste un peu spéciale. Elle n’était pas comme les autres. Il pouvait faire un temps de chien, elle verrait tout le contraire. Toujours là, à prendre la vie du bon côté, ne laissant pas ses déceptions prendre le contrôles de ses émotions, il lui suffisait de sourire pour que le monde lui semble beau. Pour elle, tout était une question de volonté, si on voulait aller bien, on le pouvait sans soucis. Alors, même à 7 ans, il était rare de la voir pleurer. Toujours de bonne humeur, Lou-Ann a toujours été celle qui remontait le moral des troupes, celle qui disait toujours « tout ira bien », celle qui réussissait à convaincre les gens que la vie n’était pas si merdique. Pas très sérieuse en classe ni nulle part ailleurs, elle préférait courir dans les champs, à la poursuite de sauterelles plutôt que de passer sa journée enfermée dans une salle de classe. Son avenir ? Elle n’en avait rien à faire, elle vivait au jour le jour. Même à 7 ans, il n’était pas rare d’apprendre qu’elle n’avait pas été en classe, tout ça parce que « Je suivais un papillon » ou « je construisais une maison aux fourmis » ou encore « je consolais le bonhomme de neige » Son imagination débordante avait raison d’elle, s’intéressant à tout ce qui l’entourait, elle était persuadée qu’on en apprenait plus en dehors que dans l’école. Elle savait que la géométrie ne lui serait pas utile de toutes manières. Ses parents, bien qu’amusés par le comportement de leur fille, ne savaient plus quoi faire pour la tenir. Elle était intenable, toujours en train de bouger. Alors, ils décidèrent de l’envoyer voir une psychologue, ce qui, bien sûr, n’arrangea rien.

Traversant la cour du lycée qui menait à son cour d’histoire, Lou-Ann se fit arrêter par un mec de sa classe et, qui plus est, joueur de football, qui lui tendait son portable, elle saisit ce dernier pour enfin découvrir une photo d’elle … en soutien-gorge. Lui redonnant son portable, elle soupira simplement avant d’essuyer ses rires et ceux de la foule qui s’était formé pour se moquer d’elle. Malheureux accident. Un matin de retard, alors que son réveil n’avait pas sonné, l’adolescente avait été tellement speed, de peur d’arriver en retard, elle avait … malencontreusement oubliée de mettre un T-shirt, alors, elle s’était ramenée au lycée en soutien-gorge. A cause de ça, elle fut la cible des moqueries et fut renvoyés une semaine. Aujourd’hui était le jour de son retour et visiblement, personne n’avait oubliée. Plus amusée qu’autre chose par la foule qui s’était formée autour d’elle, elle sourit et fit une révérence (ce qui en étonna plus d’un, ils s’attendaient sûrement à ce qu’elle fonde en larmes, pauvres naïfs) avant de soulever sa jupe, affichant au beau milieu de la cour, sa joli culotte bleue avec un ours dessiné dessus. Tournant sur elle-même, elle fit le spectacle.

Toujours tout assumer, c’était son crédo. Jamais honteuse de rien, elle aimait faire le spectacle. Avoir les yeux sur elle, elle aimait ça. Mais le pire dans tout ça, c’est qu’elle n’était jamais embarrassée de rien. Quand elle s’était présentée en soutien-gorge, elle n’avait même pas cherché à le cacher. Elle a juste dit « oups » avant de rire avec ses camarades. Et ce jour là, devant les moqueries, elle n’avait rien trouvée de mieux que leur montrer sa culotte avec un ours dessiné dessus. Oui, même en grandissant, Lou-Ann gardait un esprit enfantin et un peu immature sur les bords. Bien qu’extravertie, elle n’arrivait pas à se faire beaucoup d’amis, les gens la jugeaient trop bizarre. Mais ca ne l’embêtait pas, elle trouvait toujours du confort dans ses immenses peluches de sa chambre rose bonbon.

« J’aimerais tellement chier des fleurs ! » déclara Lou-Ann, s’accoudant au bar dans lequel elle se trouvait en compagnie de quelques amis (oui, ahah, elle avait réussie à s’en faire). Des rires, plus personne n’était très clean. Tous avaient bu plusieurs verres et tous riaient aux simples mots un peu vulgaires tels que « pipi » ou « caca » Le temps d’une soirée, et au bout de quelques verres, ils étaient retombés en enfance. Posant ses deux coudes sur le bar, la jeune fille, âgée de 21 ans fit accidentellement tomber deux verres qui se brisèrent. « OH MY GOD I’M SO SORRY ! » cria-t-elle avant de tomber de son tabouret pour ramasser les verres. « Non, laissez, je vais le faire » dit le barmaid en souriant, amusé par la situation. « Oh, vous êtes tellement gentil ! » dit-elle en se redressant, les larmes aux yeux. « Comment quelqu’un d’aussi gentil que vous peut exister ? » dit-elle en essuyant les larmes qui coulaient sur ses joues. « Vous savez quoi barman, je vais chanter pour vous ! » Net ? Elle ne l’était plus. Grimpant sur son tabouret malgré l’interdiction du jeune homme, elle se mit debout sur le comptoir avant de claquer dans ses mains. « IL ETAIT UNE FOIS, L’HISTOIRE D’UN BARMAN, QUI RAMASSA LES VERRES CASSES, A CAUSE D’UNE GOURDASSE ! MAIS, QUI ETAIT CETTE GOURDASSE ? QUI ETAIT CETTE MECHANTE GOURDASSE ? IT’S LOU ! WHO’S THAT GIRL, WHO’S THAT GIRL … I’TS LOUUUUUU ! » S’écroulant sur le comptoir, elle se mit à rire toute seule. Heureusement, le lendemain, elle ne s’en souvint pas.

Parce que oui, Lou-Ann, c’est aussi ça : folle, imprévisible et ingérable, l’arrêter est impossible. Mais le pire, c’est que même sobre, elle est capable de monter sur un comptoir et de chanter. Lou n’a peur de rien.

Pour faire gros, ce qu’il y a à retenir sur Lou-Ann, c’est qu’elle est complètement déjantée.