« Où vas-tu ce soir, Mary-Bell ? » Alors que j’enfilais mes bottes cavalières en cuir marron assise sur la dernière marche de mon escalier, je poussai un long soupir. Mon amie avait squatté chez moi tout l’après-midi. J’étais ravie de passer du temps avec elle mais quand elle commençait à vouloir savoir ce que j’allais faire. Cela avait le don de m’exaspérer. Depuis toujours, j’avais eu besoin de liberté ou plutôt, j’y étais habituée. Auprès de mes parents, j’avais parfois l’impression que j’aurais pu faire une overdose et qu’ils ne s’en seraient même pas souciés. « Déjà, je fais ce que je veux car à vingt-six ans, je crois avoir passé l'âge de rendre des comptes. » Elle sembla piquée à vif par ma réflexion. J'avais toujours tendance à dire des choses blessantes sans même m'en rendre compte. J'étais comme cela et personne ne pourrait y changer quelque chose. Je crois bien que je suis devenue encore plus mauvaise depuis que j'ai choisi de quitter Logan. On aurait très bien pu continuer à se voiler la face en se disant que nous finirions par nous aimer autant l'un que l'autre mais j'avais toujours su que ce ne serait pas le cas. J'étais prête à tout lui donner tandis que lui restait cloîtré avec son amour de jeunesse, Lily. Ah, foutue Lily, j'aurais tellement voulu que Logan m'aime autant qu'elle. Malheureusement, je n'en pouvais plus d'attendre un regard de lui ressemblant à celui qu'il lui offrait à ELLE. Je serais toujours le lot de consolation, le remplacement alors qu'il n'attendait qu'un pas d'elle pour me demander de foutre le camp. Plutôt que de voir ce jour arrivé, il m'avait paru plus judicieux de partir avant qu'il ne soit trop tard. Mes chaussures enfilées, je me relevai finalement et regardai mon amie, se tenant droit devant moi, les bras croisés. « Puisque tu veux absolument savoir, je vais voir Logan. Ne me regarde pas comme cela. Lui et moi, c'est bien fini et je le vis très bien comme cela. Depuis notre séparation, nous ne nous sommes pas revus. J'ai besoin de ne plus avoir aucune affaire de lui chez moi. C'est une façon pour moi de l'enterrer si l'on veut. » Elle ne me comprenait pas, je crois que moi-même, j'étais incapable de me comprendre. Malgré la souffrance que j'avais enduré en étant dans l'ombre de Lily, je crois bien que je l'aime encore aujourd'hui. Il faut croire que l'on aime les amours destructeurs plus qu'on ne le prétend. Mon amie s'approcha de moi et me serra fort dans ses bras comme si elle souhaitait me transmettre sa force pour résister à Logan. J’espérais pouvoir lutter contre mon attirance pour lui.

Il ne m'avait fallu que quelques minutes au volant de ma voiture pour rejoindre le centre-ville. Nous avions choisi de nous rejoindre au bar. Après tout, cet endroit était un peu comme la maison de Logan. Ayant sombré dans l'alcoolisme, il n'était plus le même, cela ne faisait aucun doute. Comme à mon habitude, j'étais à l'heure et c'est avec un carton rempli des effets personnels de Logan que je pénétrai dans le bar. Les regards se tournèrent vers moi alors que je portai un jean et un tee-shirt manches longues un peu décolleté brodé de perles. C'était sobre mais cela ne m'empêchait pas de faire tourner les têtes. J'aurais voulu que Logan me regarde avec une telle envie. Je rejoignis le comptoir et y déposai le carton. Je préférai attendre mon "compagnon" avant de commander. Il arriva quelques minutes plus tard. Encore à la bourre pour ne pas changer. « Ce n'est pas comme si j'étais habituée à ce que tu sois ponctuel. » Premier reproche et ce ne serait probablement pas le dernier. Il me proposa de me payer un verre. Je ne pus m'empêcher de penser que c'était surtout l'occasion pour lui de boire pour m'accompagner. J'étais tentée de me dire qu'il faisait les choses pour obtenir quelque chose d'autre en retour maintenant. Il commanda pour lui et hésita pour moi. « ... une margarita, s'il vous plaît. » J'esquissai un large sourire au serveur qui ne manqua pas de me dévisager comme par envie. Je poussai le carton que j'avais emmené vers Logan. « Prends ça qu'on en finisse rapidement. »