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J'étais môme, je révais de devenir musicien.

« Maman ! Maman ! » Ian déboula dans la cuisine, sa petite guitare à la main. Son père était musicien et il avait pour habitude quand il était un bébé de lui jouer toutes sortes de chansons avant qu’il ne s’endorme. C’était certainement de là qu’était venu l’idée au jeune garçon de devenir musicien. A sept ans, il avait eu droit à sa petite guitare et il ne la quittait pas souvent. Juste pour l’école et les entraînements de foot. Sa mère qui préparait le repas lui sourit et lui dit : « Que vas-tu me jouer aujourd’hui mon chéri ? » Tout fier de lui, Ian s’installa à une chaise de la table du salon avant de commencer à aligner plusieurs accords qui formèrent ensuite une mélodie. A un certain moment, il se mit à chanter une chanson assez connue qui passait sur les ondes. Doué oui, il l’était. Il avait un don, sa mère le savait et elle l’encourageait dans cette voie. De toute manière, elle n’aurait pas d’autres enfant, son mari avait mis ça au clair alors Ian serait gâté toute sa vie. « T’as vu maman ! J’ai trouvé ça ce matin c’est trop cool ! » Sa mère éclata de rire et lui pris l’objet des mains sous ses protestations avant de dire : « C’est peut-être cool mais à ta place je filerai sous la douche avant que tes amis n’arrivent pour jouer au foot. Et si tu veux manger, va falloir que tu te dépêches. » Sous une telle menace, il monta les marches pour partir se doucher. Sa mère sourit et reprit sa préparation. Ian était un hyperactif. Il ne pouvait pas se poser cinq minutes et ça avait posé quelques problèmes à l’école alors qu’il était à la maternelle. Heureusement maintenant les choses allaient mieux. Il n’était pas surdoué, il était moyen mais son don pour la musique pourrait le mener encore plus loin, elle en était sûre. La sonnette de la maison retentit et c’est un Ian en train d’enfiler son t-shirt et à moitié mouillé qui courut ouvrir. Quatre de ses amis se trouvaient devant la porte et ils allaient passer l’après-midi à faire du sport et à manger les cookies que sa mère allait leur préparer comme d’habitude. Ils ne perdirent pas de temps et disparurent rapidement dans le jardin. La vie était belle, il n’y avait rien qui pouvait gâcher la petite vie dans laquelle Ian vivait mais il a grandis et là, ce n’est plus la même chose …

Plus on grandit, plus les choix sont difficiles.

Il devait partir, il le savait. Depuis qu’il avait dix ans, Ian ne rêvait que d’une chose. Prendre sa guitare et partir faire le tour du monde. C’était prévu, c’était planifié depuis longtemps. Ses parents le savaient, ils n’en étaient pas heureux mais ils savaient que c’était le rêve de leur fils et il était tellement têtu que ce n’était pas possible de lui faire changer d’avis. Sa mère était morte de soucis. Pour la première fois de toute sa vie, elle ne pourrait pas garder un œil sur son fils chéri. Et pourtant, elle savait qu’il se débrouillerait et elle savait qu’elle pouvait lui faire confiance. Tout était prévu sauf elle. Chloé Cornwells. Ian n’aurait jamais pensé tomber amoureux d’une ville de sa ville natale pour la simple et bonne raison que s’attacher n’était pas son truc préféré. Il avait des potes, des amies mais n’aimait pas perdre son indépendance. Et pourtant, il l’avait perdu avec elle et il l’avait aimé comme il l’aime toujours aujourd’hui. Elle seule était capable de le faire rester et elle avait essayé, il avait hésité mais avait finis par partir. Il avait été la voir chez elle un soir et elle savait que c’était le soir du départ. Elle connaissait son rêve, ils en avaient parlé un grand nombre de fois cependant, elle avait certainement cru qu’il finirait pas ne pas y aller. Cette soirée là, les quelques dernières minutes qu’il avait passées avec elle resteraient pour toujours gravées dans son esprit. « Reste avec moi Ian ! Ne t'en va pas. S'il te plait. » Elle avait pleuré, beaucoup de larmes qui lui brisait le cœur un peu plus qu’il ne l’avait déjà. Laisser Chloé derrière lui c’était pire que de laisser tout le monde autour de lui. C’était égoïste, il le savait mais il ne pouvait pas gâcher son rêve maintenant. Tout ce qu’il voulait c’était qu’elle arrête de pleurer, qu’elle voit les choses du bon côté. « Bébé. Arrête. Ne pleure pas ma puce. Je vais revenir. Je te le promets. » Ian la serra dans ses bras comme si c’était la dernière fois. Oui, il allait revenir mais quand ? Il ne le savait pas et il ignorait si elle l’attendrait au bout du chemin. La pluie commença à tomber rendant la scène digne d’un film hollywoodien. « Non. Ne t'en va pas. Ian ... Je ... Je ... Je t'aime ... » Elle venait de lui dire les mots qu’elle n’avait pas eu besoin de lui glisser auparavant parce qu’il avait compris, parce qu’elle avait compris aussi qu’il ressentait exactement la même chose. C’était sa dernière arme et sans le savoir, elle venait de le rendre heureux. Même si à son retour elle n’était pas là, il y avait au moins une chose dont il serait certain, elle l’avait aimé, elle cette fille qui ne quitterait sans doute jamais son esprit. C’était tout ce qu’il voulait. « Chloé ... Je vais revenir bébé. Fait-moi confiance. Je t'écrirai tous les jours. Je te le promets. » C’est sur ces paroles et avec un bisou sur le front qu’il partit laissant derrière lui la seule femme qu’il n’avait jamais aimée. Lui écrire ? Il y avait pensé au début mais non, il n’avait pas pu tenir cette promesse. C’était trop dur. Rien que de se séparer d’elle avait été horrible alors continuer à lui écrire n’était même pas imaginable. Alors il ne le fit pas et pris bus après bus et avion après avion.

J'ai fais le tour du monde.

Ian est donc partis ce jour là, une semaine après ces vingt ans comme il l’avait prévu. Il prit le premier bus qu’il trouva et s’arrêta à son terminus, au milieu des Etats-Unis. Il trouva un job, il travailla quelques semaines et finit par prendre un autre bus. Son but était d’économiser pour avoir assez d’argent et partir prendre un avion. Pour cela, il allait pouvoir travailler encore un moment. Mais la motivation du jeune homme était remarquable. Il finit par arriver à New York où il alla acheter son billet dans un café sur internet. Il donna tout son argent et n’ayant plus rien, il décida d’aller dans un parc et de passer la nuit là-bas. Il prendrait un bus pour l’aéroport le lendemain avec les quelques pièces qu’il lui restait. Cependant, à New-York, on ne dort pas comme l’on veut dans les parcs et Ian se fit arrêter. Passer la nuit dans une cellule, ce n’est pas le top surtout quand l’homme devant vous vous dis que vous n’avez rien fait de grave à part ne pas avoir d’argent. Ca a aussi ses avantages parce qu’Ian en profita pour se laver et tout le reste. Le lendemain, il partait pour l’Europe et allait enfin pouvoir quitter les Etats-Unis. Vivre au jour le jour, ne se préoccuper que du lendemain et n’avoir personne à protéger ni personne à s’occuper c’était le rêve. Et pourtant, avec les lettres qu’il envoyait à sa mère alors qu’il restait à un endroit plus d’une semaine, il ne pouvait s’empêcher de penser à Chloé. Elle n’était pas dans son esprit la journée, il avait trop de choses à penser mais le soir, quand il se retrouvait dans un lit ou alors quand il regardait les étoiles, il pensait à elle. Ian savait qu’il l’aimait, c’était indéniable mais il était parti et c’était de sa faute. Un petit tour en Europe, quelques mois en Asie et deux ans en Afrique avant de repartir vers le continent Américain pas encore assez exploré. Sa mère ne cessait de lui demander quand il allait rentrer et finalement, après cinq ans de voyage, le même jour qu’il était partis, Ian mit les pieds à Sutton Bay en étant bien décidé à y rester cette fois.

Je suis revenu à Sutton Bay et je ne m'y sens pas à ma place.

Ian est donc rentré chez lui. Il n’avait pas l’intention d’habiter avec ses parents mais le temps qu’il trouve quelque chose, il n’avait pas d’autres choix. Sa mère était tellement heureuse qu’elle pleura pendant un quart d’heure et comme souvent, son père n’était pas là. Certainement au café avec des amis ou en train de faire de la musique. Sa mère lui prépara ses cookies préféré et il ne put s’empêcher de lui demander : « Maman, est-ce que Chloé va bien ? » Sa mère se figea comme si quelque chose n’allait pas. Jamais dans leur correspondance ils n’avaient parlé de la jeune femme. Posant les cookies sur la table, elle finit par dire : « Chloé n’habite plus ici depuis longtemps mon chéri. Elle est partie un an après toi. » Ian savait que sa mère avait plus d’informations que cela. Elle avait toujours été amie avec la mère de Chloé. Ce fut tout de même un choc pour Ian. Alors il avait eu raison, elle ne l’avait pas attendu. C’est fou ce que cela peut faire mal. « Pourquoi elle est partie ? » Sa mère lui tendit un cookie et un verre de lait. « Cette ville lui rappelait trop de souvenirs et tu sais très bien qu’elle voulait devenir chirurgien. Elle est partie à New York où elle travaille depuis si je ne me trompe. Elle revient de temps en temps pour une semaine quand elle a des congés. Je pense qu’elle va bien. » Lui dit-elle avec un petit sourire. Sa mère le connaissait trop bien, elle savait ce que ces quelques nouvelles représentaient pour lui. Il mit quelques jours à s’en remettre. Finalement, il trouva du boulot en tant que barman au bar dans le centre et se trouva un petit appartement où il emménagea assez rapidement. Il avait changé, sa mère n’arrêtait pas de le lui dire ces derniers mois. Oui, il devait l’avouer, il avait changé. Chloé n’était pas là, c’était pour elle qu’il était revenu parce qu’il avait promis de revenir et même s’il n’avait pas tenu la promesse de lui écrire, il avait tenu l’autre. Buvant et couchant avec toutes les filles de la ville, il s’amusait et essayait d’oublier. Sa guitare était sa plus fidèle amie et d’aidait à se lever tous les jours. Mais les gens finissent par revenir et Ian est persuadé qu’un jour Chloé reposera les pieds dans cette ville et cette fois, il serait prêt. Et si ce jour était plus proche que prévu ?