image : tumblr.

« Fous-moi la paix Connor ! » Milly se retourna et longea rapidement les casiers avant que Connor ne comprenne qu’il fallait qu’il la suive. Elle lui avait appris trois jours avant qu’elle était enceinte de lui. Oui, ça toute première fois, et voilà ce qui arrivait… Il avait été tellement surpris qu’il n’avait rien trouvé à lui dire quand elle lui avait appris cette bombe. A la minute où il l’avait su, il avait pensé à ses parents, à leur réaction, à tout ce qu’ils pourraient dire sachant qu’il n’avait que dix-sept ans… « Attends Milly ! » Il couru pour la rattraper avant qu’elle n’entre dans sa salle. Il attrapa sa main et l’obligea à le regarder. « Je suis désolé Milly, je ne voulais pas… Je… Je t’aiderais, quoique tu décides. » Le regardant longuement, elle soupira et lâcha sa main. « Je sais déjà ce que je vais faire Connor, je ne veux plus jamais te voir. » Le lendemain, elle avait quitté le lycée et je ne l’ai plus jamais revu. Il pensait très régulièrement à elle, trop flippé pour penser à autre chose. Il ne l’avait pas dit à ses parents, et tout ce à quoi il pouvait penser c’était ce que Milly avait bien pu faire. Elle avait disparue, du jour au lendemain, sans laisser de mots. Il regrettait de n’avoir pu lui parler. De n’avoir pu l’aider comme il l’aurait voulu. Ce n’était qu’un pauvre lycéen, tout ce qu’il voulait c’était obtenir son diplôme à la fin de l’année et entrer dans une fac qui l’accepterait. Les mois passaient et Milly ne donnait aucuns signes de vie. Il avait bien tenté de passer chez elle mais sa famille semblait avoir elle aussi disparue. Il finit par se faire une raison, il n’entendrait plus jamais parler de cette histoire. Sa vie redevient alors calme, sans grand intérêt… Jusqu’à ce matin là ! Qui aurait pu penser qu’en se réveillant ce matin là ce serait des pleures de bébé qu’il entendrait ? Qui aurait pu ? Surement pas lui… Descendant les marches quatre à quatre, il se prit le pied du meuble de l’entrée dans le pied, c’était comme ça tous les matins… « Merde ! » Sautant sur place le pied dans la quelques secondes, il finit par prendre sur lui et avancer comme un handicapé jusqu’au salon d’où ce son qu’il n’avait jamais vraiment connu venait. Il minuscule nourrisson trônait dans un les bras de sa mère dont le visage semblait plus que surpris. Quand son père vit qu’il était là, il s’approcha de lui en pointant le bébé du doigt. « Tu vas nous expliquer ?! » Connor regarda l’enfant, puis sa mère, et enfin son père. « Je… Je ne comprends pas… » Ce n’était pas possible, il tentait tant bien que mal de faire le calcul dans sa tête. Un, deux trois… Roo, merde, il c’était trop difficile ! « Une jeune femme est arrivé ce matin avec ce bébé dans les bras, elle nous a dit que tu étais le père de cet enfant et qu’elle n’en voulait pas ! ELLE NOUS A DIT QUE TU ES LE PERE DE CET ENFANT ! » Il n’était pas content, pas content du tout… Connor, lui, était surpris, il était dépassé par les évènements. Milly était passée et avait abandonné l’enfant chez lui… Connor frotta son front, essayant de faire le tri dans sa tête… « Je suis désolé. » Son père attrapa son épaule et le secoua. « Tu es désolé ! Tu te fiches de nous ! Nous pensions avoir fait ce qu’il fallait avec toi. Notre fils ! Père à dix-huit ans ! Tu as réfléchis à ton avenir ?! A ce que ça voulait dire pour toi ?! » Son père continua à déverser sa colère sur lui pendant de longues minutes. Connor lui avait les yeux rivés sur le nourrisson que sa mère protégeait comme s’il lui appartenait. « Je peux le prendre ? » Demanda t-il, coupant son père dans l’analyse du piteux avenir qu’il se préparait. Madame Highwoods se leva et tendit le bébé à son fils. « C’est une fille. La jeune fille nous a dit qu’elle n’avait pas encore de prénom. » Elle prit alors son mari dans ses bras et lui lança ce regard, ce regard que Connor connaissait tant, un regard qui voulait tout dire, ‘laisse le tranquille pour le moment chéri’. Sa fille, elle était bel et bien sa fille, ça sonnait tellement bizarre… Jamais, oh grand jamais il n’aurait pu penser finir comme ça. Un accident de parcours, un bal accident de parcours. Connor regarda la sa minuscule fille pendant dix longues minutes puis redressa la tête pour regarder son père, les larmes aux yeux. « Je suis désolé papa, je ne voulais pas… Je… Je ne sais pas quoi faire… » Puis, il éclata en sanglot, choses qu’il n’avait plus fait depuis des années. Sa mère le prit dans ses bras passant sa main dans ses cheveux comme elle avait l’habitude de faire quand il était plus petit. Son père resta de marbre un moment puis soupira. « Je pense que tu pourrais déjà lui trouver un prénom. »

« PAPA ! C’est pas juste ! » Connor rigola. On était bien loin du jeune homme qui ne savait plus quoi faire. Connor avait grandit, il était plus mature, il avait élevé sa fille et pouvait être fier du travail qu’il avait accomplit. Aider de ses parents, il avait pu concilier sa fille et ses études à la fac, mentant les filles de côté pendant un très long moment. Père à dix-sept ans… De quoi faire alimenter les rumeurs d’une petite ville pendant des mois, Connor avait tenu le coup et se retrouvait finalement là, amenant sa fille à l’école avant de partir lui-même travailler. « Tu peux pas dire à Caroline que je suce mon pouce ! C’est pas vrai ! » Connor s’arrêta. « Qu’est ce qui y’a ? On va être en retard à l’école papa ! » Mais il restait là, à regarder sa petite fille ! « Comment ça tu suces plus ton pouce ? » Hanna rigola de son rire cristallin. « Mais non papa ! C’est les bébés qui sucent leur pouce ! » Connor souleva sa fille pour la prendre dans ses bras. « Quoi ?! Tu n’es plus un bébé ? » Hanna fit non de la tête. Effectivement, elle n’était plus un bébé, neuf ans était passé depuis sa naissance faisant de son père un homme de vingt-six ans, père d’une fille de neuf ans… Elle n’était plus un bébé depuis longtemps mais… Les années passaient tellement vite ! Connor se revoyait aller reconnaitre sa fille à la mairie, lui donnant ainsi un prénom, ainsi qu’un nom, une famille en somme. « Tu seras toujours un bébé pour moi ma chérie ! » Elle entoura ses bras autour du cou de son père pour lui faire un câlin. « Tu peux toujours rêver, c’est pas parce que tu dis que je suis un bébé que tu ne vieillis pas ! » Outch ! Touché ! Il la reposa par terre et ils repartirent vers l’école. Il allait finir par être en retard… A l’école, on le regardait souvent bizarrement… Disons que la plupart des gens à ses côtés étaient plus proches de l’âge de ses parents que du sien mais… Il s’en fichait, il avait appris à ne pas prendre en compte l’avis des autres. Il avait la fille la plus géniale et il se fichait pas mal de savoir s’il avait été effectivement trop jeune quand il l’avait eu. Elle était là et elle était la personne la plus importante dans sa vie. Marchant lentement vers le lycée où il donnait des cours de littérature depuis quelques temps, il se demandait bien ce qu’aurait pu être sa vie si elle n’était pas entrée aussi subitement…

Hanna n’avait parlé qu’une seule fois de sa mère. Connor ne lui avait rien caché. Elle l’avait laissé dans les bras de sa grand-mère et était partie sans donner aucune nouvelles. Et le pire dans tout ça, c’est qu’elle n’avait pas été désolée pour elle mais pour lui. C’était ce qu’elle lui avait dit. « Désolée papa. » Depuis qu’Hanna était entrée dans sa vie, Connor n’avait pas connu une seule relation sérieuse. Il était sans doute un peu réticent à faire entrer une femme dans la vie de sa petite fille sans être totalement sûr qu’elle était la bonne. Non, il ne voulait pas lui faire connaitre des femmes qu’elle verrait partir sans raison. Elle était trop jeune pour supporter ce genre de chose. Non, il ne parlait même jamais de sa fille à ses conquêtes, il était père et avait vingt-six ans… De quoi en faire flipper plus d’une. Non, il n’avait pas eu de relation sérieuse jusqu’à ce qu’il la rencontre, elle. Louise, une jeune française fraichement débarquée. Il l’avait rencontré dans un bar alors que sa fille dormait chez ses grands-parents. Cela lui arrivait souvent, faire un break dans sa vie de père célibataire. Il aimait bien se prendre pour un jeunot célibataire tout court parfois. C’était comme ça qu’il avait rencontré la belle française. Elle était perdue, elle cherchait l’hôtel et avait besoin d’aide. Ce fut Connor qui l’aida, il l’aida tellement bien qu’elle l’invita à monter dans sa chambre, une très belle chambre par ailleurs. Il se souvenait s’être demandé d’où sortait cette si belle créature mais… Il n’eut pas beaucoup de temps de penser, elle avait déjà sa bouche coller à la sienne pour un beau et long baiser. C’était elle qu’il allait voir tout les matins avant de partir travailler après avoir été acheter quelques croissants à la boulangerie. « Regarde ce que je t’amène. » Annonça t-il en entrant dans la petite boutique de fleurs de sa belle petite amie. Elle s’approcha de lui attrapant les croissants avant de déposer délicatement ses lèvres sur celle du jeune homme. « Merci. » Dit-elle dans un sourire. Elle retourna derrière le comptoir, devant sa préparation. Louise était une fleuriste hors pair. Elle préparait elle-même tout les bouquets que l’on pouvait trouver dans son entre. Si elle avait pu paraitre un peu bourgeoise la première nuit qu’il avait passé avec lui, c’était uniquement parce que ses parents l’étaient. Louise c’était révélé être une fille simple et naturelle par bien des aspects. « Tu sais Connor, les gens parlent. » Il hocha la tête, trop d’accord avec elle pour comprendre où cela allait visiblement les mener. « Les gens parlent de toi… » Il comprit alors et releva la tête, la regardant dans les yeux. « Lou… » Mais elle le coupa avant qu’il ne puisse continuer. « Non, tais-toi ! Je suppose que c’est trop peu important pour toi pour ne pas me l’avoir dit ! » Il soupira et baissa la tête. Il était stupide, il aurait dû lui dire dès le début. Mais… C’était dur parfois d’admettre qu’on avait été un gamin trop avertit des conséquences que pouvait avoir ses actes. « Je suis désolé, j’aurais dû te parler de ma fille avant. » Elle fit tomber le ciseau qu’elle avait dans les mains. « Quoi ?! » Il la regarda une nouvelle fois… Elle n’avait vraisemblablement pas la même chose que lui en tête… « Ta fille ? Tu … Tu te fiches de moi n’est-ce pas ? » Il voyait les larmes perler ses yeux, les larmes de la trahison, il n’aurait pas dû garder tout ça pour lui. Il avait été trop bête de penser que l’apprendre plus tard pouvait être mieux… Il secoua la tête puis regarda ses pieds. Il ne s’en sortirait sûrement pas… C’était trop tard pour faire marche arrière. Il aimait Louise mais aimait encore plus sa fille. Le calcul était vite fait. Il faisait des sacrifices pour la petite fille depuis sa naissance, il était prêt à sacrifier sa relation pour Hanna. « Elle s’appelle Hanna, elle a neuf ans. » Puis, il ajouta. « Je suis désolé Louise. » « Casses-toi. » Il la regarda, ça ne pouvait pas être comme ça… « Louise… » « Je t’ai dit de partir ! » Hurla t-elle avant de partir dans l’arrière boutique.