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Toute vie, aussi ordinaire soit elle, contient sa part d’extraordinaire. Cette magie que l’on cherche inlassablement, cette nouveauté que l’on provoque, cette excitation que l’on attend ne viennent jamais et on subit notre vie plutôt que de la vivre, et pourtant … Pourtant toutes ces choses se déroulent sous nos yeux sans même qu’on ne les voit. Elles passent subrepticement, rapidement et inaperçues dans nos vies. Finalement, on passe tellement de temps à les attendre et à les chercher qu’on pourrait y passer l’éternité qu’on ne les trouverait pas, alors que chaque jour que dieu fait est le lieu de tellement de ces évènements. Prenons cette fille là, la brune qui marche sous la pluie de décembre. Quand vous la voyiez que vous dites vous ? Vous pensez surement pouvoir la connaitre, la comprendre, l’analyser au premier coup d’œil et en sortir un compte rendu détaillé. Vous direz peut être qu’elle est folle de marcher ainsi sous la pluie glaciale, sans courir, semblant ne pas avoir de but. Certains penseront aussi en voyant sa cigarette que c’est l’une de ces filles qui suivent les modes pour se sociabiliser et pour être « hype », en vogue ou tout ce que vous voulez. En voyant son style étudié vous vous direz que c’est encore l’une de ces filles à papa qui ne fait rien de sa vie mais qui utilise les rentes et revenus de son cher papa qui doit la pourrir de cadeaux. Surement vous direz vous aussi qu’elle transpire l’arrogance et que ses yeux vous lancent des signaux « cherche pas je suis meilleure que toi ». A sa posture vous devinerez qu’elle est froide et peu avenante. Mais combien d’entre vous se diront que ce ne sont peut être que des apparences, que finalement elle n’est peut être pas née avec une cuillère en diamant dans la bouche. Combien oseront effleurer l’idée qu’elle est comme eux au fond, à la recherche de ce quelque chose qui lui montrerait qu’elle aussi, elle a sa place ici… Et si cette fille qui vous donne l’impression d’avoir eut la vie facile dont vous rêviez avait en réalité vécu et survécu à des choses que vous n’osez imaginer ? Derrière cette apparence se cache une fille dont la mère était schizophrène et a été internée, une fille qui a atterrit dans une famille d’accueil riche comme Crésus mais qui a connut une fin désastreuse, une fille qui se dit que, finalement, il ne lui reste peut être pas tant de temps à vivre que cela.

Cette brune aux cheveux longs est née dans une famille où se trouvaient déjà deux bambins de 5 et 3 ans. Et pourtant, c’est elle qui révolutionnerait sa famille, sans même le savoir. C’est après sa naissance que le père de la famille s’en alla acheter des cigarettes pour ne jamais revenir. Mère célibataire atteinte de schizophrénie elle a fait de son mieux pour élever ses trois enfants, mais les hallucinations se multiplient, la paranoïa se décuple et puis finalement, un jour, on en arrive à ne plus rien gérer, à se laisser aller complètement à cette folie si douce quand on arrête de lutter. La mère de cette fille qui marche dans la rue a lutté, longtemps, contre cette maladie mentale qui lui volait peu à peu sa lucidité, mais l’absence de l’homme qui l’avait longtemps soutenu se faisait pesante. La volonté qu’elle mettait en œuvre pour ne pas lâcher prise était impressionnante mais elle lâchait prise, un peu plus de jour en jour. Finalement ce sont sa sœur et son frère qui ont élevé la petite fille candide de l’époque. Ils ont toujours été là pour elle ou du moins l’ont-ils longtemps été… Les crises de paranoïa de leur mère devenait incessante, elle se levait en pleine nuit, courait dans la chambre de cette petite brune la rouant parfois de coup, persuadée qu’elle l’a narguait et qu’elle faisait tout pour ruiner sa vie, allant même jusqu’à penser (certaines nuits) que cette brune avait tué son père et que c’était pour cela qu’il n’était jamais revenu. Mais la brune ne disait rien, elle ne pleurait pas, elle ne bougeait pas et elle priait son frère de ne pas réagir. Après tout, c’était de sa faute, sa mère n’avait pas totalement tort et puis elle savait que sa mère l’aimait malgré tout, même si celle-ci l’oubliait parfois. Un jour, sans prévenir, le frère de cette brune délaissé sous la pluie n’en put plus, et c’est à dix-neuf ans qu’il craqua. Se rendant chez une assistante sociale il sauva la brune, la prunelle de ses yeux, de leur mère. Ils allaient être séparés, mais un jour, il lui avait promis, ils se retrouveraient. Elle avait quatorze ans et si elle avait toujours voulu aidé sa mère à s’en sortir elle avait finalement échoué, se retrouvant loin des siens et seule, encore.

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